La dent est un organe vivant. Comme dans tous les autres organes, le sang circule à l’intérieur de la dent. La dent reçoit le sang de la circulation générale, et le sang repart dans la circulation générale. Normalement la pulpe dentaire est stérile. La contamination bactérienne n’a lieu qu’à la suite d’une carie, un déchaussement très important, un traumatisme, une fêlure de la dent, une usure importante de la dent, un soin non étanche.

Conséquences de l’infiltration bactérienne dans la dent :

Lorsque les bactéries trouvent une voie d’entrée dans la dent, elles progressent vers la pulpe dentaire puis dans les canaux radiculaires jusqu’à leur extrémité.

Dent saine. Le sang circule à l’intérieur de la dent et repart dans la circulation générale.

La carie atteint la pulpe. Les bactéries envahissent la pulpe. Les canaux sont infectés jusqu’à leur extrémité.

Conséquences des canaux infectés :

Le dentiste doit alors intervenir en effectuant une dévitalisation ou « traitement radiculaire ».

Ce traitement comporte 3 phases qui doivent être parfaitement exécutées.

  1. Elimination de la partie centrale de la dent qui contient un filet nerveux et des vaisseaux sanguins infectés.
  2. Elargissement et décontamination des canaux afin de réduire le nombre de bactéries présentes dans cet espace.
  3. Obturation des canaux avec une pâte appropriée afin d’obtenir une parfaite étanchéité et priver ainsi les microorganismes de sources de nutriments.

La pâte d’obturation occupe tout l’espace à l’intérieur du canal de l’entrée jusqu’à l’extrémité de la racine. Il ne doit pas y avoir de vides dans lesquels il pourrait rester des bactéries.

Le traitement radiculaire peut provoquer pendant quelques jours des sensibilités lors de la mastication qui s’estomperont spontanément.

La dent est alors privée de sa sensibilité au froid ou au chaud, elle ne fait plus souffrir quand elle est atteinte de carie mais ne perd pas ses propriétés de perception de la pression ; le ligament qui attache la dent à l’os est lui toujours vivant. Il reste néanmoins du tissu dentaire qui peut se carier.

Avant : le traitement radiculaire.

Après : la pâte va jusqu’au bout des canaux.

Cet acte est très complexe à réaliser car l’intérieur d’une dent peut avoir une anatomie très variable et complexe (canaux accessoires, latéraux, deltas apicaux, isthmes, canal en C, courbures radiculaires importantes, calcifications qui viennent réduire le diamètre des canaux, voire les boucher). Mais une limitation de l’ouverture buccale, un réflexe nauséeux, une dent très versée peuvent rendre l’intervention encore plus difficile voire impossible à réaliser.

Pendant la dévitalisation, il convient donc de ne pas faire entrer de nouvelles bactéries dans la dent. Pour cela un champ opératoire sera mis en place : la digue. Il s’agit d’un film de caoutchouc qui est placé autour de la dent afin que la salive ne vienne pas dans la dent, mais aussi pour que le désinfectant utilisé ne coule pas dans votre bouche, pour écarter la langue et la joue et faciliter ainsi la procédure. Avec ce dispositif en place, vous pouvez respirer normalement et avaler votre salive régulièrement.

Une fois le traitement radiculaire réalisé, le dentiste place le plus souvent un pansement temporaire sur la dent. Il faudra rapidement placer une obturation définitive sur la partie supérieure de la dent (composite, onlay ou couronne) pour qu’une contamination bactérienne n’ai pas à nouveau lieu.

Malgré des procédures de désinfection correctement réalisées, des échecs peuvent survenir du fait de la complexité de l’anatomie dentaire mais aussi par perte de l’étanchéité de l’obturation coronaire: pansement provisoire resté trop longtemps en bouche, perte de l’obturation coronaire (plombage, composite, couronne), reprise de carie sous le composite ou une couronne, fêlure de la dent, fracture d’un morceau de dent. Il se forme alors un foyer infectieux au bout de la dent qui peut rester pendant très longtemps non douloureux et asymptômatique. Ces foyers infectieux peuvent évoluer en abcès (formation de pus) ou en kyste apical. Ces lésions qui apparaissent au bout des dents ne peuvent pas guérir simplement par une prise d’antibiotiques. Il faut désinfecter à nouveau l’intérieur de la dent et obturer de façon étanche. Pour les kystes, il faudra, lorsque c’est possible, réaliser une petite chirurgie pour éliminer la zone infectée.

Les bactéries enfermées dans la dent sont des bactéries anaérobies, c’est à dire qu’elles n’ont pas besoin d’oxygène pour vivre et se multiplier. Elles sont généralement considérées comme étant les plus toxiques. La dent dévitalisée devient un foyer infectieux qui peut avoir des retentissements sur tout l’organisme.

Ce foyer provoque des pathologies locales (granulome et kyste) et à distance (infection focale : dissémination des bactéries par la circulation sanguine dans tout l’organisme).

Les pathologies décrites ci dessous peuvent se déclarer soit peu après le traitement, soit quelques années plus tard.

Conséquences de l’action locale des bactéries :

L’organisme se défend en isolant les bactérie anaérobies. Cela se traduit par l’apparition de foyers d’infection visibles à la radio : des granulômes péri apicaux ou des kystes.  Ces lésions peuvent rester silencieuses pendant des années, mais peuvent aussi se traduire par un abcès aigu.

Cette dent couronnée depuis plusieurs années présente une importante lésion à l’extrémité de la racine. Cette lésion est restée silencieuse et a été découverte fortuitement lors d’un examen radiologique.

Conséquences de l’action à distance des bactéries :

Pendant les années de silence, la dent infectée, va disséminer ses bactéries toxiques par la circulation sanguine à tout l’organisme. Ce qui peut entraîner des complications nombreuses et potentiellement graves :

• Les complications peuvent être loco régionales : ostéomyélite, cellulite cervico-faciale, thrombophlébite, sinusites d’origine dentaire, abcès cérébral, pathologie occulaire d’origine dentaire.

• Au niveau général, ces bactéries vont coloniser d’autres organes et être responsables de leurs infections ou inflammations (endocardites iinfectieuses, entretien de tendinopathies, amplification ou retard de cicatrisation). Elles peuvent être impliquées dans des mécanismes plus complexes ( (rhumatisme articulaire aïgu, glomérulonéphrite aigüe post infectieuse) et engendrer des réactions d’auto-immunité.

Les dentistes ont l’habitude d’effectuer des dévitalisations. Dans la plupart des cas, ces traitements sont parfaitement menés, mais dans des cas de difficultés anatomiques et/ou cliniques le risque d’une complication est possible.

Cette complication peut être traitée par un deuxième traitement de canal ou par une résection apicale. En cas d’échec, l’extraction de la dent s’impose.

La dévitalisation constitue bien souvent la première étape de la construction d’une prothèse dentaire. Cet acte qui semble être anodin est en fait un acte majeur. Un échec peut être lourd de conséquence sur la pérennité de la prothèse et l’état général.

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